Carrousel de printemps

27 juin 2007

Un soir de printemps. Une amie que j’entraine au Jardins de la Fontaine voir un spectacle de l’Académie Equestre de Versailles. Le soir se fait sur l’arène rectangulaire. Quelques éléments du décor versaillais semblent s’être accrochés aux murs antiques : pierre noble et bois équarri.

Nous sommes au troisième rang, suffisamment éloignées pour ne pas être ‘douchées’ au sable et suffisamment près pour apprécier les animaux et les chevaliers. Chuchotis.

Nuit noire. Musique lancinante, orientale. Des ombres féminines passent devant nous armées d’arcs asiatiques, fins, élégants.

Une danse étrange (kyudo / arc japonais) faite de pas, de positions qui aboutissent au tir parfait (sharei debout à 28m !!). Passage étrange de ‘nous’ à ‘eux’.
Les chevaux et leurs cavaliers arrivent. Plutôt des cavalières car nous avons un ‘pauvre jeune homme’ errant au milieu de gente féminine. Le ballet parfait de numéros équestres à la mise au point difficile. Les chevaux et les poneys sont tous superbes, poil luisant et regard brillant.
Parfois une écuyère qui fait danser son cheval, parfois un ensemble qui organise des figures parfaites, harmonieuses, à chaque fois singulières ; nous sommes, nous spectateurs, à chaque fois époustouflés par la surprise visuelle d’une figure, d’un mouvement, d’une difficulté, d’un costume.
La musique (Bach) est présente sans étouffer le visuel, il y a quelques intermèdes à l’épée, au fleuret, au chant, toujours en liaison directe avec l’équidé. C’est l’originalité de cette école fondée en 2003 par Bartabas à Versailles, il confronte diverses disciplines artistiques (musique, danse, chant, dessin, sculpture, vidéo, arts martiaux….) à l’art équestre fait d’abnégation et d’humilité.
Moment mémorable : dans le silence le plus absolu, des chevaux, sans licol, libres, absolument, qui s’ébrouent, jouent, se mordillent. Dans l’ombre leurs écuyères aux longues jupes attendent.

De longues minutes. Et soudain s’animent virevoltent jusqu’au milieu de l’arène et les animaux viennent les rejoindre, dociles. Prouesse et féerie.
Nuit noire. Un cheval entre avec son cavalier à la longue jupe. Flash de lumière blanche sur le mouvement ample des jambes du cheval, le travail minutieux de dressage. Durée : trente secondes. Bartabas a disparu. Somptueux.
L’école de l’équilibre….